MIRACLE MILE, LE CONSEIL DE JONATHAN

MIRACLE MILE, LE CONSEIL DE JONATHAN


Conseil du jour, cet excellent et atypique "Miracle Mile", réédité en 2017 dans une version restaurée chez Blaq Out. En loupant son rencard avec la « femme de sa vie », un type lambda (Anthony Edwards) va répondre, dans une cabine téléphonique, à un mystérieux appel qui ne lui était pas destiné, et qui va semer le chaos. Curiosité eighties qui fut un gros échec commercial à sa sortie mais qui est depuis devenu culte, "Miracle Mile" (ou "Appel d’urgence", titre français de l’époque) commence comme une comédie romantique pour finir en film-catastrophe apocalyptique sans aucune échappatoire. Cette fin anti-hollywoodienne et ce mélange atypique entre romance et guerre nucléaire avaient effrayé les producteurs à l’époque, et le scénario était longtemps resté dans les tiroirs ; il avait même été élu parmi les dix meilleurs scénarios encore non portés à l'écran et il avait aussi été prévu pour former le premier sketch du long-métrage La Quatrième dimension, avant qu’on ne donne les moyens à son auteur Steve De Jarnatt de le mettre en scène (c’est étrangement son deuxième et dernier film, après "Cherry 2000"), après qu’il ait lui-même racheté les droits de son propre scénario au bout de 10 ans.



Le résultat est assez unique, sorte d’"After Hours" sur fond de fin du monde, avec un coté temps réel très prenant (ce qui justifie la courte durée du film), un rythme fou et une montée graduelle dans la paranoïa et la panique, sans qu’on sache vraiment si "ça" va arriver ou pas (le héros aurait-il transmis une intox ?), du moins jusqu’à ce final assez hallucinant et même plutôt effrayant qui témoigne d’un certain nihilisme (cf. la réplique du héros sur les insectes à sa girlfriend qui ne demandait qu’à être rassurée) et qui donne finalement raison au héros (à ce titre le film est à rapprocher du "Take Shelter" de Jeff Nichols). "Miracle Mile" est encore très actuel, aujourd’hui plus que jamais, puisqu’il traite quand même d’une menace nucléaire. Il y a une forme de beauté et de poésie dans cette histoire : un pur héros de comédie romantique, gentil loser monsieur-tout-le-monde, devient malgré lui le messager du désastre, comme si c'était son destin (cf. la coupure d'électricité), et entame une course contre la montre non pas pour se sauver lui-même mais pour sauver la femme de sa vie, et peut-être finalement pour ne pas mourir seul. Le tout sur la musique entêtante et électrisante de Tangerine Dream, qui vient rajouter un coté onirique et nébuleux, comme si tout ça n’était qu’un cauchemar.



Parsemé d’humour noir, presque traité comme un film fantastique et développant une histoire d’amour qui ira jusqu’au-delà de la mort (avec les diamants, superbe conclusion qui fait écho à la scène de leur rencontre dans le musée), "Miracle Mile" est bien un pur thriller, nerveux, tendu, oppressant et radical tout en restant fun dans sa dynamique et ses idées déglinguées sorties d’un comics. C’est une série B noire, folle et conceptuelle à la Larry Cohen mais encore plus ambitieuse et parfois réellement touchante (voir la scène bouleversante de la fille qui meure dans les bras de Mykelti Williamson sur l’escalator, ou encore la dernière scène). Et comme le film de Martin Scorsese, "Miracle Mile" dépeint un Los Angeles nocturne étrange, à première vue désert mais en réalité grouillant de vie dans les intérieurs et les recoins, comme une fourmilière.



La réalisation est continuellement inspirée (dès le générique de début dans le musée, tout en travellings latéraux), la photo est somptueuse (premier film américain du chef opérateur néerlandais Theo van de Sande, qui fera ensuite carrière à Hollywood avec des films comme "Blade", "Wayne’s World", "Volcano" ou "Out of Time") et les scènes aussi improbables que mémorables s’enchainent (la séquence très théâtrale dans le fast-food à partir de laquelle tout va partir en vrille, l’accident surréaliste et très violent de la station-service, le héros qui coure avec sa nana dans un caddie, la recherche désespérée d’un pilote d’hélicoptère aux aurores, l’apocalypse vue du toit de l’immeuble, le héros essayant d’avancer au milieu des gens en panique dans la rue…), comme les personnages secondaires paumés ou allumés campés par une ribambelle de têtes familières : Mare Winningham, Denise Crosby, Mykelti Williamson, Brian Thompson, Kurt Fuller, Edward Bunker, Robert DoQui, Peter Berg, Jenette Goldstein ou le vétéran John Agar (qui a tourné avec John Wayne, John Ford, Raoul Walsh, Kirk Douglas etc.)…une joyeuse bande à nouveau réunie 30 ans après le tournage pour les bonus de cette édition. Quand à Anthony Edwards pré-Urgences et encore chevelu, il est excellent et ressemblait vraiment ici à Ryan Reynolds.



Bon si vous angoissez actuellement (et légitimement) sur une potentielle attaque nucléaire, c'est peut-être pas le moment de voir ce film...


Jonathan de l'équipe JM Vidéo




Publié le 12 avril 2022 Facebook Twitter

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