Or Noir

Or Noir

Malgré sa réputation, Jean-Jacques Annaud a du avoir du mal à monter un projet aussi ambitieux après le four monumental de Sa Majesté Minor. Heureusement qu'il est tombé sur Tarak Ben Ammar (producteur pourtant pas glorieux de Hannibal Lecter : Les origines du mal, Medieval Pie, La Dernière légion, Mafia Love, le Pirates de Polanski et Femme Fatale et Ballistic déjà avec Antonio Banderas), d'autant plus qu'il fallait quand même un bon budget pour adapter Arab d'Hans Ruesch. Dans les Etats Arabes des années 30, un jeune prince partagé entre deux pères, la menace d'une guerre autour d'un gisement de pétrole...


Avec cette fresque, Annaud renoue donc avec l'aventure, la vraie, celle d'un autre temps, d'où l'aspect rétro et démodé d'Or Noir. Si elle ne décolle qu'au bout d'une heure (le temps de tout mettre en place), lorsque commence l'épopée à travers le désert (et ses épreuves : les véhicules blindés, le manque d'eau, les trafiquants, l'attaque de l'avion...), cette aventure commence pépère (on s'ennuie poliment pendant 3/4 d'heure) puis dégage un souffle épique de plus en plus fort, jusqu'à la flamboyante chevauchée finale (les plans larges sur l'assaut donnent des frissons). Tout en assurant le grand spectacle (encore heureux, car ça dure 2h10), via des paysages/décors magnifiques (et authentiques, comme toujours avec l'explorateur-baroudeur Annaud) et quelques séquences d'action qui en jettent (mention à l'affrontement contre les blindés puis à la bataille finale, qui se clôture hélas trop rapidement alors qu'elle avait si bien commencé), Annaud se démarque surtout par le traitement dramatique (bien que démonstratif), des personnages touchants et captivants à double-tranchant et de superbes passages intimistes (par exemple les retrouvailles avec le père), développant également des thématiques qui lui sont chères, à savoir l'interprétation (le film oppose deux interprétations du Coran), les valeurs (deux visions de l'argent, la bonne et la mauvaise) et la communication (les deux chefs rivaux ne communiquent que par messagers). Le contexte est également intéressant (les conséquences de la conquête des gisements de pétrole entre les peuples arabes, le dernier plan est d'ailleurs très évocateur).


Faut dire aussi que le scénariste est le très doué Menno Meyjes (ex scénariste de Spielberg et réalisateur de Max avec John Cusack et du certes moins réussi Manolete avec Adrien Brody) et que le casting est sans faille. Tahar Rahim (dont c'était quand même le quatrième film avec lui sorti cette année-là, après L'Aigle de la neuvième légion, Love and Bruises et Les Hommes libres) fait un vaillant et fougueux héros, attachant et pas à tarter, à la fois intellectuel et guerrier (il prône la paix mais se révèle efficace dans l'action en meneur de troupes, il passe de bibliothécaire à général). Freida Pinto (Slumdog Millonnaire) est encore bien jolie mais toujours un peu trop pleurnicheuse (comme dans Les Immortels, sorti la même semaine que Or Noir). Mais surtout, Antonio Banderas (qui, avec Or Noir et La Piel que habito, marque son grand retour chez les réalisateurs à la fois populaires et intéressants) et Mark Strong (quel charisme, encore une fois) sont monstrueux en pères rivaux, tous deux ni méchants ni gentils (même si le récit penche finalement pour l'islamiste aux nobles valeurs plutôt que pour le futur capitaliste). A noter aussi la présence toujours appréciable d'Eriq Ebouaney (échappé des prods EuropaCorp), du second couteau ricain Corey Johnson (Il faut sauver le soldat Ryan, Kick-Ass, La Momie, La Vengeance dans la peau, X-Men: Le commencement, Hellboy, Vol 93 et Harrison's Flowers), la décidément magnifique Liya Kebede (la Fleur du désert du film homonyme) et le personnage du frère médecin joué par Riz Ahmed (le prisonnier de The Road to Guantanamo, la recrue de Jake Gyllenhaal dans Night Call et l'un des terroristes idiots de We are Four Lions).


La réalisation carrée et classique du réalisateur manque de style et de lyrisme mais capte de belles images, en Cinémascope et superbement éclairées par le chef opérateur de La Fille sur le pont, de Deux frères et de Balzac et la petite tailleuse chinoise. En revanche, on peut trouver que le numérique n'est pas adapté au cinéma romanesque et old school de Jean-Jacques Annaud (il lui faut du 35mm), même si c'était plus gênant sur Deux frères. Par ailleurs, on peut légitimement être agacé des personnages arabes qui parlent en anglais au cinéma (ça donne des accents forcés très caricaturaux), d'autant plus que pour jouer des arabes ils ont prit ici un français, un espagnol (Banderas avait d'ailleurs déjà campé un arabe dans Le Treizième guerrier), un anglais, une indienne, etc. Puis le propos est quand même très naïf et utopiste, quitte à s'éloigner de la réalité historique et à faire marcher les clichés datés.


Mais on finit par oublier ces quelques défauts quand le récit s'emporte, sur la formidable musique de James Horner (qui évoque Lawrence d'Arabie, comme tout le reste), qui compose son plus beau score depuis Le Nouveau monde (et rebelotte avec le film suivant du même cinéaste, superbe Le Dernier Loup). Plus encore que sa farce grivoise Sa Majesté Minor, Or Noir sera hélas un bide désastreux au box-office, même en France (ou il récolte à peine 200 000 entrées !). Jean-Jacques Annaud se rattrapera avec Le Dernier Loup.


Jonathan Charpigny, pour JM Video.


poster Or Noir



Publié le 26 juillet 2015 Facebook Twitter

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